Alors, vous venez de monter votre nouvelle bête de course. Un PC rutilant, bardé de RGB, avec une carte graphique qui a coûté le prix d’une petite voiture d’occasion. Vous vous sentez invincible. Vous lancez un benchmark et les chiffres s’envolent. Mais une question vous taraude, la même qui hante les nuits de tous les passionnés de hardware : quel jeu va enfin mettre cette machine à genoux ? Quel est le test ultime, le véritable Everest numérique qui séparera les configurations solides des simples jouets ?
Je passe mes journées (et une bonne partie de mes nuits) à décortiquer les performances des jeux, à pousser les composants dans leurs derniers retranchements. La réponse à cette question change constamment, mais en 2025, un nom revient sur toutes les lèvres des experts en overclocking.
En 2025, le jeu PC qui demande objectivement le plus de puissance brute, surtout avec tous les réglages graphiques poussés au maximum, est sans conteste Alan Wake 2 avec son mode path tracing intégral activé.
Voilà, c’est dit. Mais cette réponse simple cache une réalité bien plus complexe et fascinante. Car la « puissance » n’est pas qu’une affaire de carte graphique. Accrochez-vous, on plonge dans les entrailles de nos PC pour comprendre qui sont les vrais tortionnaires de silicium.
Le roi du Ray Tracing : pourquoi Alan Wake 2 est un monstre
Quand Remedy Entertainment a sorti Alan Wake 2, ils n’ont pas juste sorti un jeu. Ils ont sorti un benchmark déguisé en chef-d’œuvre narratif. Ce jeu est une véritable vitrine technologique, et plus particulièrement du path tracing, aussi appelé traçage de chemin complet.
Mais c’est quoi, le path tracing ? Imaginez le ray tracing classique comme un premier jet de lumière réaliste. Le path tracing, c’est le tableau de maître final. Il simule des milliards de rebonds de lumière pour chaque pixel, créant des reflets, des ombres et un éclairage global d’un réalisme tout simplement jamais vu auparavant. Le problème ? C’est exponentiellement plus lourd à calculer.
Jouer à Alan Wake 2 avec tout au maximum, c’est comme demander à votre GPU de peindre la Joconde en temps réel, 60 fois par seconde.
Chaque flaque d’eau à Bright Falls, chaque néon dans le « Dark Place », chaque reflet dans les yeux d’un personnage devient un calcul mathématique d’une complexité folle.
Pour vous donner une idée concrète :
- Sans une carte NVIDIA RTX série 40 (idéalement une 4080 ou 4090), il est quasiment impossible d’obtenir une expérience fluide en 4K avec le path tracing activé.
- Le jeu s’appuie massivement sur des technologies comme le DLSS 3.5 (Super Resolution + Frame Generation + Ray Reconstruction). Sans elles, même le plus puissant des GPU s’effondrerait. C’est un aveu : le jeu est conçu pour être « injouable » en rendu natif, il a besoin de l’IA pour exister dans sa forme la plus pure.
- Il ne se contente pas de demander un bon GPU, il est aussi gourmand en VRAM. Les 8 Go qui étaient la norme il y a quelques années sont ici mis à rude épreuve, le jeu préférant largement s’étaler sur 12, 16 Go ou plus.
Le résultat est à couper le souffle. L’atmosphère est si dense, si palpable, que la frontière entre le jeu et le cinéma s’estompe. Mais cette beauté a un coût, et il se mesure en téraflops.
Les prétendants au trône : une galerie de monstres graphiques
Alan Wake 2 a beau porter la couronne, la compétition est féroce. D’autres titres sont de véritables défis pour n’importe quelle configuration haut de gamme.
Cyberpunk 2077 : le survivant bodybuildé
On ne présente plus le cas Cyberpunk 2077. À sa sortie, il était tristement célèbre pour ses bugs, mais aussi pour sa gourmandise. Aujourd’hui, avec le DLC Phantom Liberty et surtout le mode « RT: Overdrive », il est revenu dans la course. Ce mode active, lui aussi, une forme de path tracing. Se balader dans les rues de Night City, sous une pluie battante, avec les néons se reflétant partout, est une expérience qui fait crier n’importe quel ventilateur de carte graphique. C’est un spectacle visuel qui, même des années après sa sortie, reste une référence pour juger de la puissance d’un PC.
Microsoft Flight Simulator 2024 : le simulateur ultime
Ici, la gourmandise est différente. Flight Simulator n’est pas qu’une question de polygones et de textures. C’est une simulation du monde entier. Il doit gérer en temps réel :
- La physique de l’avion.
- Des données météorologiques complexes et dynamiques.
- Le streaming de données cartographiques photoréalistes depuis le cloud.
- Le trafic aérien et terrestre (IA).
Le résultat ? Il ne dévore pas seulement votre GPU, il met aussi votre CPU et votre connexion internet à genoux. C’est l’exemple parfait d’un jeu dont la performance ne dépend pas que d’un seul composant.
Les nouveaux venus sous Unreal Engine 5
Gardez un œil sur les jeux développés avec l’Unreal Engine 5. Des titres comme Black Myth: Wukong ou le futur Kingdom Come: Deliverance 2 exploitent des technologies comme Nanite (géométrie virtualisée) et Lumen (éclairage global dynamique). Ces outils permettent aux développeurs de créer des mondes d’une densité et d’un niveau de détail hallucinants, sans avoir à compter chaque polygone. Mais cette magie a un prix, et les premiers jeux UE5 montrent déjà qu’ils aiment les configurations musclées.
Et le processeur dans tout ça ? L’architecte de l’ombre
On parle beaucoup du GPU, la star du gaming. Mais le processeur (CPU) est le metteur en scène. Un GPU surpuissant avec un CPU faiblard, c’est comme avoir un pilote de F1 dans une Twingo. Vous n’irez pas bien loin. Certains jeux sont de véritables tortionnaires de CPU.
Un « bottleneck » CPU se produit lorsque votre processeur n’arrive pas à envoyer les instructions assez vite à votre carte graphique. Résultat : votre magnifique RTX 4090 se tourne les pouces en attendant les ordres, et votre framerate stagne, peu importe la qualité graphique choisie.
Quels sont ces jeux qui adorent faire travailler les cœurs de votre processeur ?
- Les jeux de stratégie à grande échelle : Pensez à la série Total War, à Stellaris ou Civilization. Quand des milliers d’unités avec leur propre IA se battent sur une carte immense, c’est le CPU qui calcule chaque décision, chaque trajectoire, chaque animation. En fin de partie, le CPU souffre.
- Les simulations de gestion complexes :Cities: Skylines 2 est un cas d’école. Simuler la vie de dizaines de milliers de citoyens, leurs déplacements, l’économie, la gestion des fluides… Tout cela repose sur des calculs CPU intensifs.
- Les mondes ouverts avec une IA poussée : La série HITMAN est un excellent exemple. Chaque niveau est une immense horlogerie où des centaines de PNJ suivent des routines complexes. C’est le CPU qui orchestre ce ballet mortel.
Si vous êtes un amateur de ces genres, investir dans un bon processeur avec de nombreux cœurs et une fréquence élevée est tout aussi crucial que de choisir une bonne carte graphique.
L’autre faim : quand les jeux dévorent votre SSD
Il y a la gourmandise en puissance de calcul, et puis il y a l’appétit pour l’espace de stockage. Et à ce petit jeu, certains titres sont des ogres. La mention de Call of Duty: Modern Warfare (2019) dans les discussions n’est pas anodine. Ce n’est pas le jeu le plus exigeant graphiquement aujourd’hui, mais il a marqué les esprits par son poids démesuré sur nos disques durs.
Cette tendance ne fait que s’accentuer avec les textures 4K, les cinématiques non compressées et les mondes toujours plus vastes. Avoir un SSD NVMe rapide et de grande capacité n’est plus un luxe, c’est une nécessité.
Jeu | Espace disque requis (approximatif) | Raison de la taille |
---|---|---|
Call of Duty (série récente) | 200+ Go | Textures haute résolution, modes multiples (Warzone, multi, campagne) |
Baldur’s Gate 3 | 150 Go | Monde immense, dialogues doublés, contenu massif |
Starfield | 125 Go | Milliers de planètes, assets variés, textures 4K |
ARK: Survival Ascended | 140+ Go (avec les mods) | Refonte sous UE5, textures et modèles très détaillés |
Mon conseil ? Ne lésinez pas. Un SSD de 2 To est aujourd’hui un point de départ confortable pour un gamer qui ne veut pas passer son temps à jongler avec les installations.
Au-delà des téraflops : quel est le jeu le plus « intelligent » ?
La performance ne se mesure pas qu’en images par seconde. Une question amusante qui revient parfois est de savoir quel jeu a la communauté de joueurs la « plus intelligente ». Des études récentes, souvent menées avec un ton léger mais basées sur des panels de joueurs, ont tenté de corréler QI et jeux vidéo.
Selon l’une de ces études qui a fait le buzz fin 2024, le podium serait :
- League of Legends (QI moyen de 120.4)
- Black Myth: Wukong (QI moyen de 119.8)
- Baldur’s Gate 3 (QI moyen de 117.8)
Il faut prendre ces chiffres avec d’énormes pincettes, bien sûr. Mais cela soulève un point intéressant : un jeu « exigeant » peut l’être pour le cerveau, pas seulement pour le matériel.
League of Legends demande une vision stratégique, une prise de décision en une fraction de seconde et une connaissance encyclopédique des personnages et des objets. Baldur’s Gate 3 exige de la planification, de la lecture et une compréhension de systèmes de jeu complexes inspirés de Donjons & Dragons. Ce sont des formes de « demande » qui ne font pas chauffer votre CPU, mais bien vos neurones.
Des jeux comme EVE Online, avec son économie complexe et ses intrigues politiques dignes d’un roman, ou Kerbal Space Program, qui demande une compréhension de la mécanique orbitale, sont d’autres exemples de titres qui exigent un investissement intellectuel colossal.
Alors, faut-il vendre un rein pour jouer en 2025 ?
La course à la puissance est un serpent qui se mord la queue. Les développeurs créent des jeux qui poussent le matériel actuel à ses limites, et les fabricants de matériel conçoivent de nouveaux composants pour faire tourner ces jeux. C’est un cycle sans fin, et c’est ce qui rend le jeu sur PC si passionnant.
Le jeu le plus gourmand d’aujourd’hui sera le standard de demain. Crysis a terrorisé les PC de 2007 ; aujourd’hui, il tourne sur un smartphone. Alan Wake 2 et son path tracing semblent inaccessibles ? Dans quelques générations de cartes graphiques, ce sera la norme.
Mon dernier conseil n’est pas de viser aveuglément le réglage « Ultra ». Apprenez à aimer les technologies d’upscaling comme le DLSS de NVIDIA ou le FSR d’AMD. Elles sont devenues si performantes qu’elles offrent une qualité d’image quasi native tout en boostant considérablement vos performances. Elles sont vos meilleures alliées pour profiter des merveilles visuelles d’aujourd’hui sans avoir à hypothéquer votre maison.
Le plus important, c’est de trouver le bon équilibre. L’équilibre entre la fluidité, la beauté visuelle et le plaisir de jeu. Car au final, même le jeu le plus photoréaliste du monde ne vaut rien s’il n’est pas amusant. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, j’ai une RTX 5090 à tester. Il paraît qu’un certain Grand Theft Auto VI s’apprête à redéfinir le mot « gourmand »…